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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 06:58

point-godwin.jpgLes manifs se succèdent: pro, anti, à nouveau pro...

Il est plutôt normal que des projets comme le "mariage pour tous" suscitent de la controverse.

Je pense même que c'est assez sain. On gagne toujours à entendre les arguments d'en face, mais il faut accepter de commencer par écouter!

 

Les polémiques sur les chiffres sont secondaires, même si à ce stade on pourra remarquer comme un décalage. La supposée réforme que les Français attendent en masse ne déplace pas des foules de supporteurs... sûrement à cause de la météo ;-)

 

Une chose me frappe: cette facilité intellectuelle à classer les opposants dans le camp des méchants. Il y aurait d'un côté les modernes et de l'autre les homophobes... rien que ça!

Une chose me contrarie: ce scandale politique qui consiste à mettre en noir tout un territoire. Il y aurait en effet urgence  à agir au plus vite car "Angoulême est un point noir dans la lutte contre l'homophobie" ... c'est un organisateur de la très grande manifestation régionale qui le dit (ici) ....

Si je suis bien informé c'est même, entre autre!, ma présence à Angoulême qui a justifié cette phrase et ce choix!

 

 

Après tout, la ficelle qui consiste à noircir son adversaire est un peu grosse et je pense qu'elle dessert aujourd'hui ceux qui cédent à cette facilité. Comme beaucoup, je suis opposé à ce projet de loi et je ne me considère pas comme homophobe. Ceux qui me connaissent un peu savent d'ailleurs que c'est une grosse farce de laisser penser cela...

 

Par parenthèse, je trouve d'ailleurs que ce serait bien de peser les mots avant de les agiter. Parmi ceux qui manifestaient avec moi le 13 janvier, plusieurs sont aujourd'hui au Mali pour faire leur devoir de militaires. J'ai comme l'impression qu'ils sont aujourd'hui notre bras pour lutter contre de sacrés obscurantistes qui en connaissent un rayon en terme d'homophobie... Ils risquent leur vie pour notre conception de la justice et du droit. Ne serait-ce que pour eux, et parce que nous avons la chance de vivre dans un pays de libertés, ce serait bien d'apprendre un peu à débattre sans oublier de voir ce que nous avons en commun.

 

Pour revenir à Angoulême, comme beaucoup, je trouve que notre ville est plutôt "gay friendly" et je trouve dommage de vouloir la faire passer pour une ville intolérante.

Car on peut être ouvert, vouloir faire respecter chacun, s'engager même pour que les libertés publiques donnent à tous la quiétude quotidienne mais refuser que les repères de la filiation deviennent l'objet d'une ingénierie familiale sans fin (pour ceux qui veulent regarder en face les questions juridiques qui sont posées, je les invite à lire cette page synthétique de la Revue Droit Civil qui démontre qu'il ne s'agit pas ici de simples crispations de conservateurs frileux: ici...)

 

Je souhaite faire remarquer aux manifestants de samedi que, sur ce sujet, je suis en bonne compagnie en Charente. Le député Jérôme Lambert exprime sa liberté d'élu en disant:" Chacun ayant la liberté de vivre sa sexualité comme il l'entend. (...) Mais cette liberté que je défends ne peut pour autant changer la façon dont on fait les enfants naturellement, c'est-à-dire avec un genre masculin et un genre féminin"...

Autre charentais que je respecte beaucoup et qui est toujours source d'inspiration, Jean-Claude Guillebaud ne dit pas autre chose dans le Nouvel Obs de cette semaine: "on est à mille lieues des oppositions puériles entre modernité et tradition, laïcité et cléricalisme, homophobes et gay friendly; oppositions dont les médias raffolent"...

Oui, c'est bien puéril de limiter ce débat à des insultes. Comme Guillebaud, je suis en alerte lorsque Pierre Legendre estime que nous sommes "confrontés au risque de l'irréparable: la casse des montages qui font tenir le sujet humanisé"... Pas grand chose à voir entre ces questions et la reconnaissance, ou non, des préférences sexuelles. C'est, au sens fort, une question de fond qui mérite un débat.

Les petits arrangements avec la filiation qui veulent laisser croire qu'il n'y qu'à régler un souci d'égalité sont des aveuglements, volontaires parfois, involontaires souvent.  

Ce n'est faire injure à personne que de soulever une remarque simple sur la dynamique de l'égalité. Nous savons tous que c'est un des moteurs d'une société démocratique. Mais nous savons aussi que nos sociétés modernes sont aujourd'hui face à la question des limites. Sommes nous capables de poser des limites? Faut-il changer le Code Civil parce qu'il date de 1804? Si l'on reste sur le seul champ de l'égalité, comment dire que les mères porteuses ne sont pas acceptables? 

La tentation du bougisme est assez fréquente en politique. On bouge pour ne pas montrer que l'on stagne et qu'on ne sait plus répondre. C'est gentil, mais souvent source de confusions. C'est gentil, mais souvent signe d'une incapacité à décrire les problèmes qui se posent. J'ai plutôt tendance à penser qu'un élu gagne en crédibilité durable lorsqu'il évite de tout rendre simpliste. Sur les questions de filiation, ce serait quand même bien que l'on ouvre les yeux ensemble et sans crispation.


L'honneur de la Charente a été bafouée en étant choisie comme symbole du mal. Je lance ici un appel aux organisateurs de la manifestation de samedi : "seriez vous prêts à en débattre avec moi  sereinement et sans insulte?".

Je vous laisse le choix de la forme de cet échange: il peut être public ou autour d'un verre. Ne laissons pas penser qu'Angoulême n'est pas une ville ouverte à tous!

La violence c'est de ne pas savoir se parler. 

 

 

PS: Pour ceux qui arrivent juste de la planète Mars, voici deux vidéos. Une qui présente  "la Manif pour Tous" à laquelle j'ai participé et l'autre qui présente celle de samedi à Angoulême:

 

 


 

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