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"Cage à pauvres",
"Grilles anti-sdf",
"Chasse aux marginaux"...
Rien n'aura été oublié pour décrire notre ville comme l'exemple du mal, l'incarnation d'une politique qui ne sert plus notre commune humanité mais les intérêts de quelques uns, l'exemple d'une période où l'on ne respecte ni les fragiles ni la nécessité de maintenir un équilibre entre sécurité et libertés.
Une semaine après la tornade, j'ai encore la gueule de bois. Associez une image bien choisie, des titres accrocheurs et un vide dans l'actualité: vous aurez un record d'ubm. UBM? Kezako? Une "Unité de Bruit Médiatique", cette magnifique notion qui vient signifier qu'aujourd'hui on mesure le bruit sans rien trier. Pour un peu, on classera le bon journaliste en fonction de sa capacité à multiplier les clics sur le site de son journal. Peu importe les raccourcis, pas de notion de justice ou d'injustice, pas le temps de pondérer: à l'heure de l'actualité 24h/24h, il faut faire du buzz et être repris. Pas sûr que Beuve-Méry et Pierre Bodet y retrouvent leurs petits...Dans d'autres domaines, ceux qui agissent pour leurs seuls résultats de court terme sont montrés du doigt. Je ne vois pas ce qui justifierait un traitement à part pour la presse.
A tout seigneur, tout honneur. Cette polémique était outrancière à l'égard de la personnalité du Maire. Je connais suffisamment Xavier Bonnefont pour crier à l'injustice devant les propos que certains ont cru pouvoir tenir à son égard. Un élu de proximité qui donne tant d'énergie pour être à l'écoute de tous ne mérite pas qu'on le traîne à terre. Tous ceux qui le connaissent un peu ont compris que l'on ne pouvait pas croire que cette image de grilles correspondait à l'un de ses choix politiques. Je ne doute pas qu'il trouve très bientôt les voies et moyens pour remettre les choses en perspective.
Plus globalement, cette polémique est un bras d'honneur à toute une équipe municipale qui bosse depuis plusieurs mois. Je tiens à dire ici mon amitié et ma solidarité à tous ceux qui sont passés dans la lessiveuse médiatique. Une pensée aussi pour les conjoints et familles qui ont vécu un Noël imprévu et improbable. On critique souvent les élus pour leur manque d'implication, gageons que cette épreuve montrera notre capacité à poursuivre la tache malgré les calomnies.
Pour ce qui me concerne, j'ai grandi dans une famille qui participait parfois à des soirées solidaires le 24 ou le 31 décembre. Je me souviens du 24 décembre 1989 avec les "Petits frères des pauvres". J'ai fait danser des personnes âgées isolées toute la soirée jusqu'à ce qu'une d'entre elles, en pleine valse, s'éteigne à jamais dans mes bras. J'ai reçu le lendemain les remerciements de ses neveux qui estimaient qu'elle était partie dans un moment de joie et de légèreté. C'est un souvenir qui marque quand on a 17 ans. Je suis certain que nous sommes plusieurs dans l'équipe municipale à avoir connu ce type de rencontres. L'engagement politique découle parfois d'expériences fortes et de la conviction que le levier politique est celui qui permet d'améliorer notre monde. Au delà du choc des photos, rien aujourd'hui à Angoulême ne justifie que l'on nous accuse d'avoir bradé cet idéal.
Après la tornade, il faut maintenant laver l'affront. J'ai eu l'occasion de passer ma soirée du 31 entre deux lieux: tout d'abord, à Bel Air avec le comité de quartier, "Jamais seul" l'association de Babette et Samira et les Voisins Solidaires. Un "Repas partage" où chacun apporte un petit bout du buffet. Pas une critique sur la polémique municipale, mais beaucoup de constats que notre ville a été traînée dans la boue. Trop vite, trop longtemps, sans nuance. Ensuite, à Basseau avec les membres des comités de quartiers et de nombreuses associations. Des danses, de la musique, des rires mais ni attaques ni critiques. Et le même constat que tout est allé trop loin.
Hier matin, pour le jour de l'An, j'ai visité l'accueil de jour de l'Eclaircie. Un lieu de la Fondation Abbé Pierre à Angoulême où professionnels et bénévoles assurent cet accueil dû à ceux d'entre nous qui sont les plus démunis. Occasion de partager un bon repas, de partager nos vœux et de sentir que nous aspirons tous à une année de joie et de paix. Sur place un débat s'installe sereinement pour évoquer les fameuses "grilles". Nous tombons d'accord pour constater la force des images, l'ampleur des dégâts et la nécessité de poursuivre sereinement le travail.
Ce qui a eu lieu nous engage à réagir. Pas à laisser un problème sans solution. La vraie catastrophe serait de ne plus bouger et d'ajouter au choc des images une nouvelle démission du politique. Malgré les photos et la polémique, nombreux sont ceux qui ont manifesté leur soutien. Parce qu'ils imaginaient bien que la complexité du problème dépassait le simplisme des infos en continue. Il y a aussi un message dans ce soutien: c'est le besoin urgent de reconstruire l'autorité du politique. La fin du renvoi des responsabilités sur d'autres, l'attente de solutions même si cela nécessite des tests et des erreurs.
La politique existe pour incarner une autorité. L'autorité moderne est faite de fermeté et de bienveillance.
Certains ont cru que la majorité municipale ne portait qu'une politique de fermeté. C'est mal nous connaître, c'est injuste pour notre Maire, c'est l'antithèse de ce qu'est Angoulême. Nous aurons l'occasion de montrer que notre projet est plus complet, plus équilibré et plus pertinent.
Après cette trop longue explication, je vous présente tous mes vœux pour 2015. Je souhaite pour chacun une année de joie et de paix, avec le bonheur de nous rencontrer sur la toile ou, mieux, dans la vie réelle!