C’est cette question empruntée à la communication des années 80 que le tout dernier buzz de Ségolène Royal semble vouloir provoquer. Alors qu’à notre fonction de Conseillers Régionaux d’opposition nous travaillions à quelques questions de fond (comment aider les salariés d’Heuliez et non la promesse de notre Présidente, quelles propositions pour relier compétence économique et responsabilité pour l’emploi ?) voici que, badaboum, le drame ! Le cliché est tombé sur nos écrans. Ils avaient rhabillé la République pour l’hiver.
Figurant la « Liberté guidant le peuple », mais le buste couvert, dans les studios du Parisien, Ségolène Royal désigne alors ce qu’elle ne montre pas : son cœur. Dans sa belle tunique blanche, c’est une prétendante au mariage, un brin pudibonde, mais militante convaincue, qui ne demande qu’à faire vibrer les imaginaires débridés des lecteurs. Pourtant, à aucun moment, le peintre romantique ne caricature l’idéal qu’il représente. Chez Delacroix, la République est la liberté, seins nus. Elle ne fait rien d’autre qu’exhiber son palpitant parce qu’elle aime le peuple, et qu’elle est la France.
Madame Royal cache son cœur. Faut –il le regretter ? En garnements que nous sommes, nous nous sommes d’abord dit oui , bien entendu, et plus encore. Mais notre réponse est non. En toute chose, il faut savoir raison garder. Bien sûr, diront certains, il y a les bonnes mœurs. Mais surtout, si cette image est un symbole, ce dernier n’est pas nécessairement celui auquel on pense.
Ce cliché est l’évocation d’une pensée politique aseptisée qui travestit la liberté. Il est le symbole d’une gauche qui refuse les bruits et les odeurs. Il est celui d’une génération qui n’a pas connu le chômage mais pour qui le combat politique se déroule dans les salons des photographes. Enfin, ce cliché met en scène une élue qui après dix ans en fonction, préfère la bobèche à l’action, la représentation à la réalité.
Merci à l’héroïne du jour de ne plus incarner tout cela lorsque nous travaillons. Alors non, surtout, que Madame Royal n’enlève pas le haut.
Nicolas Belot , Conseiller Régional à Jonzac (17)
Vincent You, Conseiller Régional à Angoulême (16)