Ce matin Daniel Sauvaitre l'avait mauvaise. Pas à moitié, pas comme un matin où l'on se lève du mauvais pied! Sans doute une vraie colère, comme celle que l'on n'arrive pas à cacher derrière des bons mots et des attaques mesquines mais frontales.
De quoi s'agit-il? Le billet du jour (ici) du dit Daniel se terminait par ce jugement définitif : "il est temps d’arrêter de s’astiquer le pistil et de taper concrètement dans la butte. Amen" ... Ce qui faisait remarquer à Charente Libre "Le titre du billet de Daniel Sauvaitre? "I love You". Vu le contenu, "Fuck You" aurait été plus juste"...
Faut-il crier au scandale? Faire ma Nadine Morano pour demander des excuses publiques? Remarquer qu'il est original de commencer une campagne législative en criant contre un compagnon?
Je ne soulignerais que trois points.
Tout d'abord, cette polémique a un bon côté: elle permet de redire qu'il y a dans chaque famille politique des sensibilités différentes. Pour ma part, je me retrouve dans le christianisme social. Daniel est libéral. C'est son droit. C'est le mien. Je revendique celui d'exprimer des convictions et j'espère que personne ne rêve de pouvoir m'enfermer dans des stéréotypes réducteurs. Daniel a commencé son engagement politique avec Madelin, moi avec Philippe Séguin. Je suis aujourd'hui aux côtés de Christine Boutin, Daniel n'a plus d'adresse. Ce n'est pas illogique que nous soyons parfois en désaccord! Cela ne devrait pas forcément impliquer une grosse colère publique et des mots choisis qui en disent long sur celui qui les utilise...
Pour être encore un peu plus précis, Daniel me reproche d'avoir mené une mission à la demande de Ségolène Royal. D'autres esprits caporalistes m'ont déjà fait le même couplet. Certains de gauche, me reprochent de critiquer parfois celle qui m'a confiée cette mission. D'autres, à droite, m'accusent de changer de camp! Heureusement, dans un cas comme dans l'autre, ils sont très minoritaires. Je crois pour ma part, que je peux sans me vendre faire des propositions à ma Présidente du Conseil Régional; et que je peux, sans mesquinerie, critiquer ce que je ne partage pas de sa politique. Je suis dans l'opposition, pas dans la guerre civile. Et je dois vous faire l'aveu que je trouve cela nécessaire et légitime.
Mais Daniel va sans doute plus loin. Alors qu'en bon petit soldat, il rappelle tout l'intérêt des réflexions menées par la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi sur "la mesure de la performance et du progrès social" (ce travail était, il est vrai, une commande du Président SARKOZY), il m'assassine pour avoir cherché à en proposer une application locale... Pas seulement parce que la commanditrice était cette fois-ci Ségolène Royal, mais parce que j'aurai commis un crime de boboïsation en donnant la parole à des charentais (voir le site dédié: ici). Certains y parlent de la santé, de l'équilibre entre famille et travail, d'autres du contact avec la nature, de la mobilité, de la nécessité de pouvoir parfois prendre son temps... ou du besoin de pouvoir vivre de son travail et non de subventions... où sont les bobos là dedans? Est ce celle-ci qui parle du besoin de retrouver des valeurs communes et le sens de la laïcité? Celui là qui évoque le besoin d'esprit d'équipe?
J'ai une conviction: la colère de Daniel ce n'est pas tant que l'on cherche à travailler sur le bien-être. Ce n'est pas qu'un tropisme ultralibéral qui considère qu'il n'y a que le compte d'exploitation qui dise quelque chose de la vie humaine... la colère de Daniel c'est de voir resurgir un thème qui a valu sa notoriété à ma collègue Véronique Marendat! Véronique est maire de Segonzac, la première commune de France a être labellisée Cittaslow... c'est à ce titre que je lui ai donné la parole sur le blog en question. Mais Véronique a aussi le projet de mener une candidature aux législatives sur les terres que convoitent le fameux Daniel! Cela mérite bien les jeux de mots foireux et les grandes envolées!
Alors il n'y a qu'un mot: Merci!
Merci d'avoir souligné par tes outrances qu'il y a en Charente des élus qui ne considèrent pas que le bien-être soit un hors sujet politique! Non, la recherche de ce qui fait la richesse de notre humanité n'est pas une gaminerie loufoque... et oui: il y a des choses qui n'ont pas de prix et que nous devons prendre en compte!
Merci d'avoir permis de souligner qu'il y a à droite et au centre des élus qui ne restent pas figés sur la doxa libérale, comme si nous ne traversions pas une crise qui méritent que l'on s'interroge un peu!
Merci d'avoir montré qu'il y a plusieurs façons de gérer la diversité dans une famille politique; certains qui perdent leurs nerfs pendant que les autres proposent...
Si 2012 pouvait servir à départager ces deux groupes là, ce serait une excellente chose. Merci Daniel, bonne chance Véronique!
Daniel, si tu me lis, je n'ai qu'une solution à te proposer: prenons un verre ensemble ! Cela te fera digérer, vider ton sac si besoin, mais surtout toucher du doigt que le bien-être n'est pas un accessoire sans intérêt.
A chacun ses conclusions...