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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 23:12

il-faut-se-mefier-des-mots.jpgAu cours de cette session,  le principal débat entre majorité et opposition aura été linguistique. On sait bien que la première tentation politique est celle de travestir les mots. Or les mots ont un sens, et l'absence de certains mots a souvent un sens beaucoup plus fort que les grands discours.

En l'espèce, il s'agissait de savoir si l'absence des mots "emploi", "industrie" ou "développement économique" traduisait un choix politique.

Notre Présidente du conseil régional cherchait à convaincre son opposition que son projet n'était pas un refus de la croissance mais un souci de favoriser une mutation de notre économie... 

Henri de Richemont et Olivier Chartier venaient, chacun à leur tour, d'expliquer pourquoi nous ne pouvions pas voter un rapport présentant des "conventions de conversion écologique et sociale des entreprises"...

Notre souci n'est pas de refuser la recherche d'une "performance globale", il est de vérifier que cette recherche ne sera pas une nouvelle étape pour ajouter des contraintes à des industries déjà fragilisées par une mondialisation trop aveugle.

JF Macaire peut louer le sens de l'innovation de nombreux chefs d'entreprise. Nous partageons ce sentiment et nous félicitons de ce qu'il tourne enfin la page à une lutte des classes encore bien valorisée dans son propre camp... mais cela ne suffit pas!

stigltiz.jpgL'enjeu pour le 21ème siècle qui commençe est justement de trouver de nouvelles formes d'organisations économiques qui nous permettent de sortir d'une logique strictement court-termiste.

La France a engagé ce vaste chantier en confiant à deux Prix Nobel d'économie le soin de proposer de nouvelles manières de mesurer la performance et la croissance. Si on réfléchit un petit peu, la tempête Xinthia qui nous a frappé si cruellement, va avoir pour effet d'augmenter notre PIB... En effet, avec les nombreux travaux qui suivent le drame, nous sommes en effet dans une activité en pleine croissance...faut-il se satisfaire de ce type d'indicateurs?  

 

La crise financière devenue crise économique nous oblige à trouver d'autres chemins. "Nous ne changerons pas nos comportements si nous ne changeons pas la mesure de nos performances" ... cette phrase n'est pas de Ségolène Royal mais de Nicolas Sarkozy. Nul ne peut, sur ce point, oublier que c'est la France qui pousse aujourd'hui ce projet et la réflexion sur la scène mondiale. La réforme du capitalisme est devenue nécessaire mais ce n'est pas le PS et ses alliés qui la mènent!

Il y a fort à craindre que, pour eux, le recourt à la "croissance verte" soit une sorte de deus ex machina des temps modernes... les ultra libéraux croyaient à la main invisible du marché, nos socialistes picto-charentais répondent "croissance verte".

Les uns et les autres sont sans doute à côté de la plaque. Le problème de la réindustrialisation des pays développés ne peut pas se limiter à appliquer une recette. Dans ce registre, la déréglementation est sans doute aussi néfaste dans ses effets que l'écologisme, cette nouvelle idéologie qui oublie simplement que le développement durable ne se limite pas à l'environnement.

Pour qu'il y ait développement durable, il faut associer économie+social+environnement. Ne garder qu'un terme, c'est se condamner à boiter!

 

popup-bonus-vert.gifOn pourra dire que derrière les mots, il faudra voir les actes. J'en convient!

Mais le passé récent me pousse à ne pas baisser la garde. La majorité régionale se gausse d'avoir mis en place le fameux "bonus vert" qui est un chèque de plus pour acheter, cette fois, de l'électroménager peu consommateur en énergie...

Mais à aucun moment on ne se pose la question du lieu de production: est ce en Chine ou en France? à aucun moment, on ne vérifie le process industriel: fait-on travailler des enfants ou des adultes ? Les travailleurs bénéficient-ils de protection? Les normes de production sont elles certifiées? Silence radio... place au choc des mots.

 

Avec cette illustration on voit bien que l'appel à la mutation de notre économie peut n'être qu'un pâté de chat aux allouettes! C'est pourquoi l'opposition a voté contre !


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