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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 12:28

7-morts.jpgTrois crimes successifs, deux jours de trêve politique et, dès ce matin, un suspect et une polémique.

La trêve aura peu duré. Aujourd'hui la campagne présidentielle a déjà repris sa place. Certains y verront un symbole positif : celui d'un pays démocratique qui est plus fort que la folie meurtrière d'un homme.

 

Pour ma part, je trouve que les débats de ces derniers jours ont laissé place à de sérieux dérapages qui doivent être dénoncés.

Le premier dérapage c'est celui de François Bayrou: à l'heure du recueillement devant l'école ensanglantée, alors que l'enquête suivait son cours, celui-ci n'a rien trouvé de mieux que de dire, finalement, que tout venait de Sarkozy et de son discours de Grenoble!

Autant je ne suis pas un adepte de ce fameux discours (je l'ai dénoncé en son temps ici ), autant cette polémique mal venue me semble détestable. Bayrou c'est finalement celui qui prêche toute l'année l'union nationale mais qui n'est pas capable de se taire lorsque les gens pleurent. Il avait déjà fait le coup en étant seul à critiquer la mise en berne des drapeaux pour la mort de Jean-Paul II... c'est un récidiviste de la démagogie au milieu du recueillement, ce qui est un peu gênant lorsque l'on prêtant être un homme d'Etat!

 

Deuxième dérapage chez Marine Le Pen. Dès ce matin, elle propose d'organiser un référendum sur la peine de mort. Chez Le Pen, les morts ne sont pas enterrés qu'on  appelle déjà au vote et à la vengeance... quelle bassesse! Je ne suis pas de ceux qui pensent que tout ce qu'elle dit est à jeter ou qu'il ne faudrait prêter attention à aucune des souffrances qu'expriment ses supporteurs. Il faut parler de tout, rejeter absolument la pensée unique sans pour autant laisser les Le Pen mener la danse.

Par contre passer aussi vite, là aussi, du deuil à l'appel à la mort est révélateur d'une façon de faire où la raison est au second plan. Le choix n'est pas celui de l'expression d'une conviction: c'est celui de jouer avec les doutes et les angoisses que provoquent des émotions aussi fortes...

Comment voir les choses autrement? Mme Le Pen essaye de se refaire une santé en exploitant la colère des uns et la peur des autres.

 

21.03_enterrement-israel-Capture-ecran-BFM-TV-930x620.jpg_s.jpgQuelles vraies réponses de fond peut-on porter à ceux qui sont capables de tuer de sang-froid des enfants et ceux qui nous protègent?

Pour moi, il s'agit de reconstruire des valeurs de cohésion. Le fanatique c'est souvent celui qui se jette dans la violence et le terrorisme pour répondre à une société qui ne porte plus que la consommation ou le culte de l'ego. Le triomphe de l'individualisme provoque  le geste fou de celui qui préfère se suicider pour une cause qui le dépasse. Une société sans repères qui ne sait plus transmettre ses valeurs et son histoire a deux types d'enfants: les zombies et les fanatiques (j'emprunte l'expression à Finkielkraut dans La défaite de la pensée... un ouvrage de 1987 qui gagne à être relu!)

Les vraies réponses politiques sont donc à chercher dans ce qui fera que nous cesserons d'être une société de marché pour retrouver un projet collectif. J'ai déjà évoqué ( ici ) quelques pistes lors du drame de Soyaux, elles me semblent toujours d'actualité: 

1/ Cesser de nous flageller pour réapprendre à faire aimer la France et ses valeurs:  retrouver le sens de l'autorité et distinguer ce qui relève de l'instruction et de l'éducation pour restaurer l'école dans ses missions et mieux responsabiliser les parents. Le choix de la violence c'est souvent le choix de celui qui ne trouve pas sa place et qui ne sait pas se faire comprendre autrement que par les coups...

2/ Recréer un service national obligatoire qui soit un temps d'effort pour les autres, de cohésion et de transmission; mais aussi une année donnée qui permette de revitaliser nos territoires (dans mon idée, ce service devrait être piloté par la gendarmerie mais construit en lien avec tous les services publics locaux; les armées sont axées sur la projection, elles doivent le rester).

3/ Cesser de penser que la vie est un long fleuve tranquille et la modernité un temps sans conflit: nous avons des ennemis; ils doivent savoir que nous savons être plus forts que leurs cris et leurs méthodes. Ceux qui moquent nos soldats ou ne leurs accordent pas les moyens de travailler  sérieusement doivent aujourd'hui se remettre en question.

 

Espérons que, de ce drame, sorte aussi un bien: celui d'un débat politique qui affrontera des vraies questions de fond. Il va désormais être difficile de se satisfaire d'une joute où les uns et les autres se limiteront à proposer une taxe ici ou une réformette par là...

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