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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 00:08

chut_petit_.jpgAujourd'hui, je peux dire que j'ai avancé dans la compréhension de la méthode politique utilisée par Mme Royal.

A l'occasion de notre session régionale, j'ai eu l'occasion de prendre la parole à deux reprises sur des points qui me semblaient importants... vous en jugerez!

 

Tout d'abord, à l'occasion du rapport d'activité 2010, j'avance sur le bilan du "Bonus Vert" pour en souligner la gabegie tranquille... Vous vous souvenez? D'avril 2009 à juillet 2010, notre Région a distribué un nouveau chèque pour encourager l'achat d'électroménager à faible consommation en énergie. 40€ pour un A+ et 60€ pour un A++ : succès assuré auprès des acheteurs!

Le bilan pour la Région est positif: presque 1 600 000 euros pour ce dispositif, soit 36814 achats subventionnés... mais le problème est double:

1/ en choisissant de ne pas mettre de conditions de ressources, il s'agit assez largement d'un simple effet d'aubaine. J'achète du A+ ou du A++, mon ardoise personnelle est réduite et je rentre de mes courses avec un petit coin de mon portefeuille qui remercie la Présidente de la région... Pertinent politiquement avant une élection? sans doute! Pertinent économiquement? sûrement pas...

2/ en voulant favoriser un acte d'achat écologique, on fait ici abstraction de toute dimension d'emploi ou même de la moindre logique sociale... ces produits sont ils fabriqués dans la Région? on n'en sait rien! sont ils confectionnés avec un minimum de règles sociales, ne seraient ce que les conventions fondamentales de l'Organisation Internationale du Travail (interdiction du travail des enfants et du travail forcé, droits syndicaux...)? La question n'a pas été vue... Dommage pour les 91 entreprises nationales du secteur, dommage pour les 14000 employés qui auraient pu souhaiter que l'on sorte d'un raisonnement aveugle et déséquilibré...

Ma question était précise et factuelle. Elle touchait à une question de fond: la nécessité de ne pas opposer le social et l'environnemental, de quitter les postures et les grands mots ("croissance verte", 'soutien au PME"...) pour entrer dans le réel...

Et bien, la Présidente a choisi de ne pas répondre. En passant la parole à une autre élue qui souhaitait évoquer la formation puis à un autre sur l'agriculture... Pas un mot sur ce sujet à 1.6 millions d'euros.... un silence assourdissant!

 

2/ remis de mes émotions et de ma surprise, la suite des sujets du jour m'a fait intervenir sur les questions d'apprentissage. Après sept ans de présidence régionale, voici enfin venu le temps de l'action pour, en théorie, poser un cadre et une "carte des formations"... En fait de carte, la Région n'évoquait aujourd'hui que la Charente, ce qui est certes urgent, mais ce qui bloque largement l'accès à une compréhension globale des choix proposés.

Après une brillante intervention de Véronique Marendat, soulignant notamment le besoin d'une visibilité régionale, notre groupe demandait un "renvoi en commission" pour que la décision soit prise dans les deux mois au maximum mais avec l'ensemble des éléments... Réponse de la Présidente: "je suis étonnée de votre légèreté, il n'est pas question de repousser cette décision"... Ma prise de parole visait à montrer que la légèreté n'était pas forcément de notre côté... En l'occurence, le choix régional de faire déménager les formations pour les métiers de bouche à Barbezieux souffre au moins de quatre légèretés...

Légèreté dans les déclarations lorsque l'on annonce une logique de constitution de pôle des métiers alors que l'on sépare ici les métiers de bouche de leurs voisins de l'hôtellerie-restauration et cuisine;

Légèreté économique lorsque l'on souligne que cette séparation se traduira inévitablement par des surcoûts: en équipements, en frais pédagogiques mais aussi par l'impossibilité de poursuivre l'utilisation vertueuse des créations de nos apprentis. A ce jour, les élèves de métiers de bouche voient leurs travaux utilisés pour le self des apprentis d'Angoulême et le restaurant pédagogique... la disproportion inévitable avec les effectifs de Barbezieux se traduira par des gaspillages regrettables.

Légèreté dans le calendrier puisqu'on nous annonce un déménagement en 2014 alors que les locaux actuels ne peuvent plus attendre pour une mise aux normes... Les mieux informés savent parfaitement que les services vétérinaires de l'Etat demandent des rénovations importantes qui ne peuvent pas attendre cette échéance...

Légèreté enfin dans la cohérence géographique: on peut  comprendre le souci politique d'une répartition des formations sur le territoire si celle-ci ne se limite pas à un département à l'exclusion de tous les autres. Mais choisir Barbezieux c'est se mettre au plus prêt de Jonzac, le pôle de formation le plus proche qui forme d'ores et déjà aux métiers de bouche. Les jeunes du Sud-charente pouvaient déjà choisir une formation de proximité... ceux d'Angoulême ou du reste du département ne le pourront plus...

Je terminais donc ce rapide argumentaire en demandant qu'on ne fragilise pas la CIFOP, un bel outil qui donne satisfaction, pour une solution illisible qui va à l'encontre des souhaits des professionnels. Après tout, Mme Royal avait justement souligné la "nécessité de multiplier le nombre de maîtres d'apprentissage"... ce qui en général ne se fait pas contre l'avis expresse de leurs représentants professionnels!

Il m'a été répondu que mes propos démontraient l'urgence d'agir vite et bien sans remettre quoi que ce soit en question dans les projets présentés. La Vice-Présidente précisa simplement que le Préfet s'était engagé à des dérogations provisoires pour maintenir les formations malgré la problématique sanitaire si la Région votait aujourd'hui une décision pour l'avenir... Pour le reste, rien ne fut dit, sinon la promesse vague (et inquiétante?) d'un pôle à constituer entre Barbezieux et Jonzac... Circulez: il n'y a rien à voir!

 

Dans une région qui met en avant sa volonté de "démocratie participative", j'ai trouvé une clé de compréhension inattendue. Le débat dans la conception très personnelle de Mme Royal ne peut faire avancer que si l'on marche dans le rang. Si on touche vrai, c'est le silence. Si l'on demande un peu d'approfondissement, c'est l'urgence qui s'impose...

Un jour ou l'autre, les habitants de la région s'en rendront compte. Pour ce qui me concerne, je veux contribuer à crever cet assourdissant silence.

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