Aujourd'hui, le conseil régional se réunissait notamment pour voter le budget 2011.
Mes collègues ont largement évoqué le manque d'ambition d'un exercice sans colonne vertébrale nette.
Pour ma part, j'ai tenu à dénoncer un dangereux virage relatif à notre soutien à la production cinématographique dans la région. En 2011, le budget régional sur ce chapitre budgétaire diminuera de 620000 euros soit environ une baisse de 25% des crédits!
L'explication officielle va surprendre et ravir les professionnels du secteur: il y a un excédent comptable en 2010, il n'est pas nécessaire de prévoir un tel budget en 2011...
Tous ceux qui déposent des demandes d'aides à la création ou à l'écriture savent le manque de transparence qui règne sur la commission d'attribution...
Dernier exemple en date: le refus d'aide à l'écriture pour un documentaire régional sur "Henri Coursaget, citoyen du monde" demandé par un producteur local. Pour un sujet aussi bien enraciné dans notre culture locale, il est un peu dommage de refuser une maigre aide de 4000€ alors que l'habitant charentais a pourtant les honneurs de l'Unesco... en guise d'explication cette seule réponse verbale :"trop glorieux!"
Les professionnels savent maintenant que les réponses négatives ne pouvaient pas être justifiées par l'insuffisance de crédit puisque cet exercice budgétaire se révèle finalement excédentaire... J'en connais quelques uns qui n'ont pas finis de s'étrangler!
J'ai souligné pourtant que ce type de budget devait être manié avec précaution. Au moins pour trois raisons.
Tout d'abord parce que la culture est ce qui nous aide à vivre.
Par ailleurs, parce que la création cinématographique contribue à l'image et à l'attractivité de notre territoire.
Enfin, parce que l'effet levier en terme économique de ces dépenses est souvent de 1 à 4 ou 5. Si l'on compte les emplois sauvés ou créés et les dépenses locales de consommation, il est clair qu'il s'agit d'une véritable politique de soutien à l'activité qui profite à tous.
Mais rien à faire: j'ai eu droit à une réponse catégorique de pseudo-gestionnaire pour m'expliquer qu'il n'y avait pas de besoins supplémentaires... et que le budget pourrait augmenter si l'avenir le nécessitait.
Je ne suis pas dupe de ces promesses de normand. Le région prend une responsabilité majeure en choisissant le repli alors que le contexte devrait nous pousser au dynamisme.
Quel est ce contexte? celui d'une année 2010 marquée par l'attentisme.
Attentisme des télévisions privées qui ont dû s'adapter au passage à la télévision numérique.
Attentisme de France Télévisions qui savait l'arrivée d'une nouvelle direction et de nouveaux axes.
Désormais, ces étapes sont derrière nous. Les producteurs vont scruter le paysage des collectivités et verront un nouveau signal à la baisse de notre région.
Après l'échec de la Sofica (fonds défiscalisé), après les atermoiements du Conseil Général de la Charente faisant baisser d'un million son budget, après les basses besognes pour faire tomber le Festival Francophone, c'est donc maintenant du budget régional que vient le mauvais signal.
Qui peut voir une dynamique et une volonté politique dans ce décor de ruines?
Pour couronner le tout, une décision modificative pour 2010 nous proposait de voter un crédit de plus de 18 000 euros pour constituer un annuaire des professionnels du secteur. Je les connais suffisamment pour connaitre leur qualité et le besoin de les faire connaitre. Le dernier annuaire est dépassé depuis longtemps puisqu'il date de 2005...Mais n'a-t-on pas vu qu'internet est maintenant utilisé par tous et qu'avec un tel budget ont peut construire un site de qualité qui permette des mises à jour régulières? Faire un version papier et une version numérique ne suffit pas. Ce n'est pas parce que l'information est sur "pdf" qu'elles ne se périment pas! J'ai donc eu sur ce point satisfaction afin d'éviter une gabegie qui aurait, en plus, montré notre archaïsme. Tant mieux, même si je jugerai sur pièce de la prise en compte effective de ce changement d'orientation.
A l'heure où se tourne en Charente un film au casting prestigieux, je crains que "Bouquet final" soit aussi le nom de notre politique du cinéma... il y a comme un goût de cendres dans tous ces signaux négatifs.